C’est également la première transplantation d’organe de nature transitoire – pour la durée de 1 à 2 grossesses – proposée pour une indication non vitale, à savoir la capacité de porter un enfant et de lui donner naissance. Si la transplantation utérine est toujours à l’étape expérimentale, aujourd’hui plus de 70 greffes ont été réalisées dans le monde. La première en France a été réalisée par l’équipe de l’Hôpital Foch en 2019 et a abouti à une naissance vivante en février 2021.
La procédure est encore complexe et comporte des risques d’échecs et de complications. De nombreuses évolutions sont encore nécessaires afin de la simplifier et transformer cette chirurgie exceptionnelle en une chirurgie de pratique courante. Ces évolutions concernent notamment : i) La sélection des donneuses et des receveuses. Les donneuses apparentées (souvent la mère) sont les plus fréquentes mais le recours aux donneuses décédées (encore très restreint) permettrait d’éviter les risques importants de l’hystérectomie chez les donneuses vivantes. Pour les receveuses, l’indication principale est actuellement le syndrome MRKH (Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser : aplasie congénitale de l’utérus et de la partie supérieure du vagin) mais un passé d’hystérectomie pourrait aussi être considéré ; ii) La chirurgie ou encore la post-greffe.
La laparoscopie robotisée est un outil précieux pour réduire les complications (qui sont surtout vasculaires et urétérales) ; le rejet est en règle bien maîtrisé par le traitement immunosuppresseur ; quant au délai à respecter avant le transfert d’embryons, il semble devoir être d’au moins six mois afin de limiter les risques infectieux ; Iii) Les questions éthiques sont également à prendre en compte : insuffisance du nombre de donneuses, risques chirurgicaux majeurs chez les donneuses vivantes, information éclairée des receveuses quant aux risques de la procédure.
La transplantation utérine, prouesse médicale et chirurgicale, nécessite une recherche permanente, dans un cadre international, afin d’en simplifier la technique et d’en approfondir la réflexion éthique.