Paris Match. Comment réagissent habituellement les femmes à l’annonce d’une hystérectomie ?
Pr Jean-Marc Ayoubi. Depuis Hippocrate, l’utérus a toujours été un organe chargé de symbole, son ablation est une décision qui ne doit pas être prise à la légère. En cas de maladie bénigne, elle est rarement décidée lors d’une première consultation. On cherche d’abord un traitement non chirurgical. Mais, à l’annonce d’une hystérectomie, la plupart des patientes redoutent les complications et des conséquences psycho-sexuelles, même si toutes les études publiées sont rassurantes.
Quand propose-t-on une ablation de l’utérus ?
Ses indications sont nombreuses et en constante évolution. 1. Elles comprennent les pathologies malignes telles que les cancers du col et du corps utérin, de l’ovaire... 2. Des maladies bénignes, comme, par exemple, des fibromes, responsables de saignements, d’anémie, de douleurs abdominales ou des descentes d’organes (prolapsus), qui entraînent une gêne importante et une détérioration de la qualité de vie.
Quelles techniques chirurgicales sont utilisées pour réaliser cette ablation ?
La première a été la laparotomie réalisée par ouverture de la paroi abdominale. Une deuxième technique consiste à enlever l’utérus par voie vaginale, sans cicatrice visible. Une troisième permet d’effectuer l’ablation par cœlioscopie, à travers de petits orifices sans ouverture de la paroi abdominale (l’utérus étant toujours extrait par voie vaginale). Tout récemment, l’apparition de la chirurgie robotique assistée par ordinateur permet de réaliser cette intervention.
En quoi consiste alors cette hystérectomie par robotisation ?
Les gestes opératoires sont les mêmes que par cœlioscopie, mais les instruments sont portés et manipulés par les bras articulés d’un robot, reliés à une console derrière laquelle est assis le chirurgien, le visage collé sur l’écran. Le champ opératoire est retransmis en trois dimensions.
Pourquoi choisit-on une technique plutôt qu’une autre ?
Tout dépend de la maladie. La laparotomie garde sa place dans les pathologies importantes. Elle permet d’avoir un accès facile aux différentes zones anatomiques, au prix de douleurs post-opératoires plus intenses, d’une hospitalisation de cinq à sept jours et d’un mois de convalescence. La voie vaginale est plus compliquée par l’étroitesse de l’accès et n’offre pas une vision complète de la cavité abdominale. Les douleurs post-opératoires sont moins importantes et permettent une diminution de l’hospitalisation et de la convalescence. Avec la cœlioscopie, le chirurgien a un bon champ de vision, mais peut être limité dans ses gestes car l’accès à certaines parties anatomiques risque de se révéler délicat. La patiente reste hospitalisée deux à trois jours. Les douleurs sont modérées, et il faut compter deux à trois semaines de convalescence.
Les suites opératoires semblent plus simples, les douleurs post-opératoires sont moins intenses
Pour le chirurgien, quels sont les avantages de la technique robotisée ?
Il y en a quatre 1. Une meilleure visibilité du champ opératoire grâce à son agrandissement sur écran et la vision tridimensionnelle. 2. La miniaturisation des instruments permet des gestes opératoires micro-invasifs d’une plus grande précision. 3. Les saignements sont moins importants. 4. Le chirurgien peut intervenir sur des zones difficilement accessibles avec une autre technique.
Et pour la patiente, quels sont les bénéfices de cette intervention robotisée ?
Les suites opératoires semblent plus simples, les douleurs post-opératoires sont moins intenses, nécessitant peu de produits morphiniques. La durée d’hospitalisation est plus courte (un à deux jours) et la convalescence moins longue (rarement plus de quinze jours).
Actuellement, où peut-on bénéficier d’une hystérectomie par robotisation ?
En France, dans quinze à vingt services hospitaliers ou privés, dont le nôtre, à l’hôpital Foch de Suresnes. Depuis 2010, nous avons effectué plus de 150 hystérectomies par robotisation. Les premiers résultats nous semblent très intéressants, cette technique constitue un réel progrès.