Par Jimmy Mohamed
La naissance d’une petite fille d’1,8 kilo vendredi dernier à l’hôpital Foch de Suresnes, dans les Hauts-de-Seine, a de quoi donner du baume au cœur à de nombreuses femmes. En effet, la maman avait bénéficié d’une greffe d’utérus. Son accouchement, près de deux ans plus tard, est un petit miracle, même s'il n'est pas totalement inédit.
Une pathologie pas si exceptionnelle
La mère, Déborah, 36 ans, est en effet née sans utérus. Cette anomalie, sobrement appelée "syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser", n’est pas si exceptionnelle puisqu’elle concerne tout de même une femme sur 4.500. Pour les femmes présentant cette particularité et souhaitant avoir un enfant, la seule option raisonnable était jusqu’alors l’adoption.
Mais le 31 mars 2019, Déborah a bénéficié de la première greffe d’utérus pratiquée en France. Sa propre mère, elle-même ménopausée à 57 ans, a fait don de l’organe prélevé grâce à une chirurgie robotique. Une fois implanté chez Déborah, la jeune femme a dû attendre quelques mois pour être sûre de ne pas faire de rejet. Enfin, en 2020 grâce à une fécondation in vitro, elle est tombée enceinte pour enfin donner naissance à sa fille.
Une vingtaine de "bébés miracle" dans le monde
Si cette opération est remarquable à bien des égards, elle n’est pas inédite. En 2014, les Suédois étaient les premiers à réaliser l’exploit. Les Américains, les Indiens et les Brésiliens ont suivi. Ce "bébé miracle", né à Suresnes, rejoint donc la vingtaine d’enfants à travers le monde nés de cette prouesse médicale.
La greffe d’utérus peut concerner aussi bien les femmes nées sans cet organe que celles auxquelles il a été retiré. Certaines formes de cancers peuvent en effet imposer une ablation de l’utérus. Combinée avec un traitement immunosuppresseur, elle peut permettre d’envisager une grossesse. A l’heure actuelle, les spécialistes estiment que rien ne s’oppose à ce qu’une femme ayant reçu une greffe ait plusieurs enfants. Mais ce type de greffe est encore provisoire, notamment à cause du traitement anti-rejet. La technique en est à ses prémices, mais elle donne malgré tout beaucoup d’espoir.