Dans les prochains mois, « deux naissances sont attendues, en Suède et au Brésil ». Le premier congrès de la société savante internationale de greffe utérine, qui s’est tenu mi-septembre, a fait le point sur cette « révolution médicale ». En Europe, environ 200 000 femmes sont atteintes d’infertilité utérine[2] et pourraient être candidates à ce type de greffe. Parmi les 38 opérations réalisées, « 28 impliquaient un don vivant et 10 un prélèvement sur une patiente décédée ».
Pour l’heure, « seules les greffes à partir de dons vivants ont permis aux couples de devenir parents ». Une greffe est considérée réussie « lorsque des règles apparaissent dans les six mois suivants l’opération ». Mais ce n’est pas toujours le cas : « encore 25% des greffons sont explantés, principalement à la suite d’une thrombose ou d’une infection ». « Les risques, d’hémorragie, de thrombose, voire de complications graves, sont réels, même si, depuis la toute première greffe en 2002, aucun décès n’a heureusement été à déplorer chez les donneuses comme chez les receveuses ». Enfin, le « lourd traitement immunosuppresseur » est une autre difficulté, mais il n’aurait pas d’incidence tératogène pour le bébé.
En France, le professeur Tristan Gauthier mène un essai au CHU de Limoges : son équipe a l’autorisation de l’ANSM[3] pour procéder à 8 greffes à partir de donneuses décédées. La greffe d’utérus impliquant une procédure de PMA, 5 couples ont réalisé « la première étape du protocole » : la congélation de leurs embryons obtenus par fécondation in vitro. Pour la suite, ils attendent un greffon compatible, « provenant d’une défunte entre 18 et 50 ans » (cf. Greffe d’utérus : où en est la France ?).
Une autre équipe française, dirigée par les professeurs Jean-Marc Ayoubi et René Frydman a été autorisée par l’ANSM en mars dernier à réaliser 10 greffes d’utérus prélevés sur des donneuses vivantes.
Pour le professeur Brännström, qui a effectué les greffes d’utérus en Suède, cette pratique pourrait sortir du champ de l’expérimentation d’ici cinq ans. Mais le professeur Gauthier est plus prudent : « Il est encore très prématuré d’en parler comme d’un traitement potentiel de l’infertilité ».