Le samedi 17 septembre dernier a eu lieu une nouvelle greffe d'utérus à l'Hôpital Foch en France. Bien qu'il s'agisse de la seconde fois que cette intervention est réalisée, elle reste une véritable prouesse médicale et le seul espoir de grossesse pour certaines femmes. Les explications du Dr Marc Even, chirurgien gynécologue au centre Pointgyn et à l'hôpital Foch à Paris.
Greffe d'utérus : une prouesse médicale !
Selon le communiqué de presse de l’Hôpital Foch de Suresnes dans le département du 92 que l'exploit a eu lieu. Les équipes du Professeur Jean-Marc Ayoubi, chef de service de gynécologie obstétrique et médecine de la reproduction de cet hôpital, ont réalisé le samedi 17 septembre une transplantation utérine, qui a nécessité près de 18 heures d'intervention chirurgicale.
Syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser
La patiente qui a bénéficié de cette greffe d'utérus est atteinte du syndrome de Rokitansky (ou MRKH). Il s'agit d'une affection congénitale rare, responsable d’une infertilité par agénésie utérine (naissance sans utérus). C’est à partir de l’utérus d’une donneuse vivante - sa sœur - que les chirurgiens de l’Hôpital Foch de Suresnes ont pu réaliser cet exploit.
"Cette deuxième greffe de l’utérus en France marque la continuité d’un projet de recherche entamé par le Professeur Ayoubi il y a plus de 15 ans, et d’une collaboration internationale avec l’équipe du Professeur Mats Branstrum, de l’université de Göteborg (Suède)", peut-on lire sur le communiqué de presse.
Durant la transplantation utérine, tout s’est déroulé comme prévu. Dix jours plus tard, les deux patientes sont rentrées à leur domicile et se portent bien.
Une deuxième grossesse pour la première greffée
Toujours d'après le communiqué de l'Hôpital Foch de Suresnes, la première greffe avait eu lieu en mars 2019. La première patiente s'appelait Déborah. Grâce à cette greffe, elle a mis au monde le 12 février 2021, une petite fille du nom de Misha, après 33 semaines de grossesse. Déborah est donc devenue la première maman d'une petite fille née d'une greffe de l'utérus en France. Aujourd'hui, Déborah attend son deuxième enfant, prévu pour mars 2023.
"Cette intervention médicale consolide l’espoir pour des patientes nées sans utérus ou présentant une infertilité utérine causée par une hystérectomie ou un utérus non fonctionnel. Elle a mobilisé plus d’une vingtaine de chercheurs et permet des avancées scientifiques significatives dans les domaines de la transplantation et de la reproduction," a conclu l'Hôpital Foch de Suresnes.
Pour Déborah, après son deuxième accouchement viendra le temps de se faire retirer son utérus. "Après deux grossesses, l'objectif est atteint. L'utérus n'étant pas un organe vital, il n'y a pas de raison qu'elle le garde et doive en parallèle continuer à prendre un traitement immunosuppresseur pour éviter de faire un rejet du greffon" détaille le Dr Even.
L'équipe du professeur Ayoubi a reçu l'autorisation de l'Agence de la biomédecine et de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) pour conduire un essai clinique pour dix greffes avec donneuses vivantes ayant un lien de parenté avec la receveuse. Une équipe du CHU de Limoges a obtenu l’aval pour huit greffes avec donneuses en état de mort cérébrale. En raison de la pénurie de donneurs vivants et du risque pour les donneuses vivantes, cette nouvelle technique pourrait aider plus de femmes à avoir un enfant.
Alors que nous apprend cette deuxième greffe ? Pour le Dr Even, " c'est une greffe réussie, la patiente et sa soeur vont bien. Pour la receveuse, il s'agira par la suite de tenter un transfert d'embryon dans 6 mois ou un an si tout se passe bien".