Lorsqu’on leur a proposé de les rencontrer ensemble, Brigitte Mikolajczyk et Déborah Berlioz n’ont pas hésité une seconde. Même regard bleu, même sourire… la ressemblance est frappante. Mais ce qui unit la mère à sa fille va bien au-delà de ces similitudes physiques.
La première a fait don de son utérus à la seconde. Imaginer que Misha, qui passe des bras de sa maman à ceux de sa grand-mère en ce jour de décembre, s’est développée dans le même utérus que sa mère il y a plus de deux ans ne relève ainsi plus de la fiction mais bien de la réalité.
Nous sommes en 2002. A l’époque, Déborah Berlioz est une athlète de haut niveau. Elle évolue au sein de l’équipe de France de natation synchronisée. Elle a 17 ans, fait vingt heures de sport par semaine. Et s’inquiète de ne pas avoir ses règles. Consultations, examens médicaux… Le diagnostic tombe : « Vous n’avez pas vos règles, parce que vous n’avez pas d’utérus ! », lui signifie un gynécologue. Déborah est atteinte du syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser (MRKH), une malformation congénitale qui la prive de cet organe indispensable pour porter un bébé. « Ça a été la douche froide. J’étais dévastée. C’est comme si j’avais un trou noir dans le ventre. Je pleurais non-stop », se souvient-elle.
Sur Internet, Jean-Luc Mikolajczyk, le père de la nageuse, découvre que des chercheurs de l’université de Göteborg (Suède) sont parvenus à des naissances après une greffe d’utérus chez des souris. « On s’est dit, quand je serai en âge de désirer des enfants, il y aura peut-être des solutions pour moi », dit Déborah.
Brigitte Mikolajczyk propose immédiatement de lui donner son utérus. « C’était une évidence. Même si les médecins vous assurent que vous n’y êtes pour rien, je me disais que j’avais mal fait les choses. Et j’y pensais chaque mois, lorsque j’avais mes règles. »
Déborah continue son rythme, études-entraînement, n’en parle à personne sauf à son petit ami de l’époque. « Je ne voulais plus y penser. J’ai essayé de mettre tout ça dans un coin de ma tête et puis petit à petit, ça s’est installé comme une gangrène. J’ai perdu confiance en moi. Je ne me sentais pas entièrement femme. On m’avait enlevé le choix d’avoir ou pas un enfant. »
Troubles alimentaires, hospitalisations, retour à l’entraînement… un jour la jeune femme dit « stop ». A 21 ans, elle quitte la compétition. Et entame quelques années plus tard une thérapie. Entre-temps, elle a rencontré Pierre, son futur mari. Et à 29 ans, en 2014, la question de l’enfant rejaillit.
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