Alors qu'une première greffe d'utérus avait eu lieu en France en 2019, une nouvelle intervention a eu lieu et a rencontré un grand succès. Le 17 septembre dernier, à l’hôpital Foch de Suresnes dans les Hauts-de-Seine, une femme de 36 ans a reçu l’utérus de sa grande sœur, âgée de 41 ans.
La patiente était atteinte du syndrome Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser (MRKH), une pathologie responsable d’une infertilité par agénésie utérine, c’est-à-dire qu’elle est née sans utérus. En France, ce syndrome touche environ une femme sur 4 500. Alors qu’elle n’avait toujours pas ses règles, la patiente reçoit le diagnostic à 17 ans. "J’étais toute jeune mais c’est comme si on m’avait annoncé la fin du monde. J’ai toujours été fascinée par la grossesse et ce jour-là, on m’a dit de faire une croix dessus", raconte-t-elle au Parisien.
Mais le 17 septembre, les chirurgiens ont tenté de rendre possible l’impossible. "La greffe sur cette nouvelle patiente a été réalisée à partir de l’utérus de sa sœur aînée, avec une chirurgie très peu invasive", a expliqué le Pr Jean-Marc Ayoubi, chef de service gynécologie obstétrique et médecine de la reproduction à l’hôpital de Suresnes. La transplantation utérine a nécessité près de 18 heures et "tout s’est déroulé comme prévu, les deux patientes se portent bien et sont rentrées à domicile comme prévu 10 jours plus tard", a indiqué un communiqué de l’hôpital. Dans six mois, une fécondation in vitro aura lieu sur la patiente greffée, dans l’espoir d’une potentielle grossesse.
Quelles ont été les différentes étapes de cette greffe ?
- Début 2022 : les ovocytes de la patiente ont été ponctionnés puis mis en fécondation avec le sperme de son conjoint. Malgré le fait d’être née sans utérus, la patiente possédait quand même des ovaires. 17 des meilleurs embryons formés ont été congelés ;
- Le 17 septembre : à l’aube, l’utérus de la sœur aînée de la patiente a été prélevé par chirurgie robotique (une opération de 13 heures). Le même jour, dès la fin d’après-midi, l’utérus a été greffé sur sa sœur au cours d’une opération de 6h30. Pendant six mois, la patiente sera suivie au moins une fois par mois à l’hôpital ;
- Printemps 2023 : un des embryons congelés sera implanté dans l’utérus greffé par FIV (fécondation in vitro). 10 jours plus tard, une prise de sang confirmera la grossesse de la patiente ou non ;
- 2023-2024 : en fonction du résultat de la fécondation, la grossesse se déroulera sous une surveillance accrue à l’hôpital ;
- 9 mois plus tard : à la fin de la grossesse, l’accouchement se fera par césarienne. L’utérus ne pourra pas être gardé à long terme et devra être retiré par la suite.
Un espoir pour les femmes nées sans utérus ou présentant une infertilité utérine
En mars 2019, l’équipe du Pr Jean-Marc Ayoubi avait réalisé la première greffe d’utérus, une première en France. Elle a mis au monde son premier enfant le 12 février 2021, une petite fille appelée Misha, après 33 semaines de grossesse. Elle est aujourd’hui enceinte de son deuxième enfant, prévu pour le mois de mars 2023.
Réalisée pour la toute première fois dans le monde en 2014 en Suède, les greffes utérines pourraient se multiplier. En France, à l’hôpital Foch mais aussi à Lyon et à Rennes, des équipes continuent leurs recherches. Cette intervention consolide l’espoir de nombreuses femmes pour des patientes nées sans utérus ou présentant une infertilité utérine causée par une hystérectomie ou un utérus non fonctionnel. "Quand à 17 ans on m’a annoncé mon syndrome, il n’y avait aucun horizon. Aux jeunes femmes qui l’apprennent aujourd’hui, je dis : Regardez, il y a un espoir", conclut, pleine d’espoir, la patiente.